LIBEREE

Un jour que Dieu pensait,

La terre dit à l'oiseau :

« Où t'en vas-tu, l'oiseau ?

Toi que j'avais porté,

Que j'avais vu grandir ?

Pourquoi donc t'éloigner

Du sol qui t'a bercé ?

Pourquoi donc me laisser :

Seule et triste vallée ?! »

Ce jour où Dieu pensait,

L'oiseau volait si haut

Qu'il répondit au vent :

« Je cherche le soleil

Afin de le toucher,

Le poser sur mes plumes,

Dans mes yeux, sur mon coeur ...

Et jusque dans ma voix !

Et je te l'offrirai

Pour qu'il parte avec toi

Dans le monde superbe ! »

Or, ce jour, Dieu pensait

Car le vent dit au ciel :

« J'emporte cette voix

Par les champs, sur les toits,

Au-dessus des étangs,

Au sommet des montagnes,

Sur les déserts brûlés,

Tout le long des remparts d'une grande muraille !...

Là, dans un tourbillon,

Je la jette aux étoiles

Pour qu'elles chantent avec toi

Dans le coeur de la Vie ! »

Oui, ce jour, Dieu pensait

Que le ciel, bienheureux,

S'étendait sur la terre

Pour mieux la glorifier :

« Terre mère, lui dit-il ! Terre aimée !

De quoi donc as-tu peur ?

Si l'envol de l'oiseau

Peut faire lever le vent ...

Et si le chant du vent

Anime les étoiles ...

Comment peux-tu douter

Qu'ils ne te soient rendus ?!

Terre mère ! Terre aimée !

C'est pour toi que j'espère !

C'est en toi que j'attends

Le retour du printemps ! »

Oui, vraiment, ce jour-là,

Dieu pensait avec joie ...

Car la terre, sublimée,

Habilla de rosée

L'oiseau qui s'en allait :

« Va ! L'oiseau, lui dit-elle.

De par le vaste monde,

Va pour moi, sur le vent !

Et qu'il porte ta voix

Jusqu'à toucher le ciel :

Là, souriront les étoiles

Dans le coeur éternel !

Alors, l'oiseau, reviens !

Reviens dans ma vallée

Poser sur l'horizon

Les cordes irisées

De l'arc aux sept lueurs !

Oui ! Reviens vers ta mère,

Messager du soleil,

Et mon printemps ... sera !

Par le chant des étoiles

Sur les ailes du vent

Et jusque dans ta voix :

Quand tu me reviendras,

Le printemps reviendra !! »

Orâme. Marie-Hélène Dupont